Mode & musique
Depuis quelques années, les biopics (biographies romancées) déferlent au cinéma, en France comme à l’étranger : Sagan, Piaf, Marie-Antoinette, Ray Charles, Coluche, la liste est longue. Nous sommes peut-être maintenant à l’orée d’une nouvelle vague : les bio-albums. Deux disques-concept viennent de sortir coup sur coup, consacrés à Yves Saint Laurent et à Edie Sedgwick.
Et qui de mieux pour chanter le couturier français, sinon le dandy Alain Chamfort ? Le livre-CD présent depuis quelques semaines en librairie propose 16 titres, survolant les principaux événements de la vie de Saint Laurent, depuis sa jeunesse à Oran jusqu’à sa disparition en 2008, en passant par ses rencontres avec son maître Christian Dior et son compagnon Pierre Bergé, ou encore la création révolutionnaire du smoking pour femmes.
Les mélodies, très réussies, oscillent entre un son très pop (l’excellent tube A la droite de Dior, très Velvet) et une musique plus mélancolique (Les Clochettes blanches, ou On dit, qui traduit bien les tourments du créateur).
Le disque est offert pour l’achat du livre du même nom, Une vie Saint Laurent, qui comprend un texte fort intéressant, agrémenté des paroles des chansons, de photographies et de dessins de mode. Un beau livre-objet.
C’est à Alizée qu’on doit l’autre nouveauté, Une enfant du siècle, consacrée au mannequin américain que fut Edie Sedgwick – on reste dans la mode. Un nouveau tournant, particulièrement audacieux dans la carrière de la jeune chanteuse. Dans son album précédent, elle avait déjà consacré un titre, plus enjoué (Fifty-Sixty), à l’égérie d’Andy Warhol. Ici, Alizée change radicalement de genre, en faisant appel à la fine fleur de la production électro actuelle, Château Marmont essentiellement.
Une enfant du siècle semble difficile d’accès à la première écoute, mais séduit dès la seconde. Les paroles évoquent surtout les errances nocturnes d’Edie Sedgwick, morte en 1971 d’une overdose. Les arrangements quant à eux évoquent les années ’80. On songe pêle-mêle à la pop électro d’Etienne Daho (qui créa en 1985 une Ballade d’Edie S., justement) ou de Kylie Minogue, au clavier de J.-M. Jarre, aux génériques de dessins animés de l’époque. Ou encore au romantisme décadent dont on connaît les principaux représentants pour les avoir redécouverts dans les BO des films de Sofia Coppola.
Initiatives isolées ou albums-concept précurseurs d’une nouvelle mode ? L’avenir nous le dira. T.M.
A écouter et à lire P.-D. Burgaud, A. Chamfort, R. Murphy, Une vie Saint Laurent, Albin Michel, Paris, 2010.
A écouter Alizée, Une enfant du siècle, Sony Music, 2010.